Site internet officiel de l’ouvrage (à ne visiter qu’une fois le roman dévoré !) :
http://chesstomb.weebly.com/
L’histoire : 1922. Howard Phillips Lovecraft écrit une de ses plus étranges nouvelles : Herbert West, réanimateur.
2001. Le meurtre atroce d’une famille plonge la ville de Chesstomb dans le deuil. Journaliste de renom, Shelby Williams vient y enquêter. Accumulant une somme de documents qui fera date dans l’histoire du journalisme d’investigation, il remonte peu à peu l’histoire de la ville. Jusqu’à cette fameuse année 1922 qui a vu la querelle de plusieurs médecins tourner au tragique. Le plus étrange : tout indique que le personnage de Lovecraft aurait son origine dans ce drame.
Mon avis : Ainsi se tourne la dernière page d’un des romans les plus captivants/effrayants/dérangeants/dérangés/foutrement bien construits que j’ai pu lire. Voilà bien dix minutes que je suis là, devant mon écran, à me demander COMMENT vais-je écrire cette chronique, PAR QUOI vais-je la commencer. Parce que, nom de dieu, si vous avez le cœur suffisamment bien accroché pour vous lancer dans cette aventure, il FAUT que vous le lisiez.
J’ai craqué pour ce roman suite à l’excellente chronique de Dup. C’est qu’elle sait nous mettre l’eau à la bouche, la demoiselle ! Quand Clémentine, des éditions de l’Homme sans Nom, m’a proposé de choisir un roman sur le stand en guise de partenariat (aux Imaginales !), je n’ai pas longtemps tergiversé : celui-ci. Celui-ci, parce qu’il est présenté comme un « document exceptionnel » par l’éditeur lui-même. Celui-ci, parce que la couverture est assez flippante (en plus d’avoir été réalisée par Alexandre Dainche !). Celui-ci, enfin, parce qu’il a suffit que je lise le résumé pour être prise dans les rets de l’auteur. Pour être ferrée, je l’ai été dès le début !
Pourtant, ce n’est pas sans appréhension que j’ai commencé ma lecture : après La dernière Terre et Les Kerns de l’oubli, allais-je également tomber sous le charme de ce « témoignage » pour le moins étrange ? Heureusement, il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre que j’allais me régaler : dès le prologue, c’en était fait de moi. De moi, et de ma capacité à être rationnelle (déjà que je ne le suis pas beaucoup en temps normal…)…
ChessTomb dissimule en réalité un autre roman : De coton et de sarrasin, écrit par un certain Shelby Williams. Journaliste, il a enquêté sur le meurtre effroyable d’une famille dans la ville de ChessTomb, Massachusetts, en 2001. Je n’en dirai pas plus sur l’intrigue : vous devez la découvrir par vous même. En aucun cas je ne veux démêler l’un de ses fils en vous donnant un détail malheureux.
Le roman est donc une succession de documents divers, retraçant bien plus que ce « simple » meurtre. Si on peut penser qu’un tel mode de narration peut potentiellement nuire à la lecture, il n’en est absolument rien ici : mieux, l’ambiance n’en est que plus mystérieuse. Et prenante ! Plus on en apprend sur l’affaire, plus on veut en savoir davantage. Tout en frémissant intérieurement de ce que l’on pourrait découvrir. Puis, sans crier gare, nous voilà revenus des années en arrière, grâce aux archives d’un autre journaliste. Et là, c’est le trouble le plus profond : jamais je n’ai été aussi mal à l’aise (ce n’est pas tant mal à l’aise que perdue, étourdie… d’ailleurs) face à une lecture. Mal à l’aise, certes, mais toujours plus captivée. Jusqu’à la toute dernière page, j’ai été totalement hypnotisée (et le mot est faible, je vous l’assure) par ce… Ce quoi ? Ce roman ? Ce témoignage ? Ce document inestimable ? Raaah, que c’est rageant de devoir parler à mot couvert ! J’en ai encore le ventre noué, la gorge sèche ! Des questions plein la tête ! Monsieur John Ethan Py, qu’avez-vous fait ! Avant d’atteindre la dernière page, je me suis répétée au moins dix fois « ce mec est un génie ». Un génie pour avoir assemblé ces documents épars de cette façon quasi diabolique. Et puis, la dernière page est arrivée (je passe sur les vingt précédentes, qui m’ont juste fait devenir folle). J’ai relevé le nez de mon bouquin, la tête remplie d’un brouillard cotonneux, et me suis précipitée sur le site. Et là… Oui, c’est un génie. J’ai été complétement menée par le bout du nez, de bout en bout. Si je l’avais vu venir, celle-là…(à ne lire qu’à vos risques et périls !)
Une lecture hypnotique, captivante, étourdissante, oui, et bien plus encore. Et surtout carrément EFFRAYANTE. Âmes sensibles, abstenez-vous ! Je me suis à la fois retrouvée terrée au fond de mon lit, sursautant au moindre bruit (petite anecdote : hier soir, seule dans l’appartement, la porte de la chambre fermée. J’en suis à un passage crucial entre West, Wade et Lovecraft (si vous avez lu le roman, vous devinerez de quoi je parle), un passage où la tension est à son comble (j’en avais une chaire de poule monstre), et là… Je vois la porte de la chambre s’ouvrir tout doucement. Je crois bien que c’est la terreur qui m’a empêchée d’hurler, mais Chéri a bien compris que, pour ma santé mentale comme pour la sienne, il devrait éviter, à l’avenir, de me faire des blagues pareilles. Fourbe), et me demandant avec le plus grand sérieux si je ne devais pas me munir d’une cuvette, au cas où. Ou aller lire dans les toilettes, carrément. Parce qu’entre les visions et les odeurs suscitées par cette lecture… Brrr, j’en ai encore la gorge nouée, et l’appétit coupé (chose rarissime !). Si les situations oppressantes à souhait et les descriptions macabres et, disons-le, vraiment vraiment gores vous effraient, ne tentez pas l’expérience. Conseil d’ami.
Bon, je crois que je vais m’arrêter là. Évidemment, c’est un coup de coeur, je pense que vous l’aurez compris. Un coup de cœur qui m’aura donné des sueurs froides et retourné le cerveau dans tous les sens. D’ailleurs, je me demande si je ne vais pas le relire sous peu : avec les derniers éclaircissements que l’on obtient, une relecture s’avérerait… Diaboliquement intéressante.
En bref, jamais je n’aurais pu imaginer le trouble dans lequel cette lecture me plongerait. John Ethan Py s’associe ici à Shelby Williams pour nous offrir un roman des plus dérangeants, des plus délicieusement abjects. John Ethan Py, merci d’avoir porté ce témoignage à notre connaissance… Et pour la nuit de cauchemars qu’il m’a fait passer ^_^
*Un grand merci à Clémentine et aux éditions de l’Homme sans Nom pour m’avoir permis de découvrir ce titre*