L’histoire : Sloane, première de sa classe, coule une existence paisible dans une petite ville côtière des États-Unis.
Maggie, jeune fille indépendante, entame une prometteuse carrière d’actrice à New York.
Tout les sépare, hormis une chose : en dormant, chacune rêve et vit la vie de l’autre jusque dans ses secrets les plus intimes.
Jamais encore leurs chemins ne s’étaient croisés. Jusqu’au jour où Sloane tombe amoureuse d’un garçon…
Laquelle est réelle ? Laquelle n’est qu’un songe ?
Mon avis : alors, qu’on se le dise tout de suite : soit Lucides fut un formidable coup de coeur, soit il s’agit de la plus amère déception que j’ai ressenti depuis ce début d’année, voire davantage. Trois nuits se sont écoulées depuis que je l’ai terminé, et je n’ai pas encore bien décidé de la tournure que prendrait mon ressenti. J’ai même relu les dernières pages, pour essayer d’y voir plus clair : rien à faire. Ouuh, je sens que je vais avoir matière à papoter !
Sloane et Maggie vont toutes deux avoir dix-sept ans. Alors que l’une mène une vie des plus banales, lycéenne brillante habitant une petite ville des États-Unis, l’autre voit sa jeune carrière d’actrice décoller. Elles ne se sont jamais rencontrées, ne sont pas amies, n’ont rien en commun, et pourtant… elles se connaissent mieux que quiconque : chacune vit, dans son sommeil, la vie de l’autre. Hallucination, phénomène incompréhensible ? Les deux jeunes filles ne se sont jamais trop posé de questions. Et pourtant, il suffit d’un rien, d’un tout petit rien pour que tout vole en éclats. Si l’une d’elle se réveillait en plein songe… Qu’arriverait-il à l’autre ?
J’ai adoré ma lecture. Hormis la dernière page, j’ai adoré de bout en bout. J’ai trouvé l’idée d’Adrienne Stoltz et Ron Bass géniale, et la façon dont ils l’exploitaient on ne peut plus prenante. Alors que certains blogueurs mentionnaient une certaine difficulté à passer le cap des 150 premières pages, ça n’a absolument pas été le cas pour moi : une fois plongée dedans, je n’ai pu en sortir (ça commence à devenir une habitude, avec les romans de chez R). Je me suis passionnée pour le quotidien de ces deux jeunes filles (malgré quelques scènes un peu kitchou, il faut l’avouer), et je tremblais littéralement d’impatience pour connaître le mot de la fin.
Il faut dire que nos deux auteurs mettent une technique particulièrement fourbe pour s’accaparer l’intérêt de leur lecteur. Les 150-200 premières pages s’attachent, donc, à poser le décor, à présenter le quotidien de Maggie et Sloane. Si on se demande comment un tel phénomène est possible, cela reste de façon très superficielle. Pour autant, comme je le disais plus haut, je n’ai pas trouvé cela ennuyeux, tout au contraire : on a ainsi le temps d’appréhender la psychologie des personnages, de comprendre leur quotidien et, surtout, de s’attacher suffisamment à elles deux pour n’avoir aucune envie, ensuite, d’en voir une disparaître. Les auteurs y disséminent également les premiers indices, que j’ai tout d’abord pris pour des… incohérences. Jusqu’à ce qu’on passe la barre des 200 pages, et que le doute ne soit plus permis : il y a quelque chose qui cloche vraiment. Je ne vais pas rentrer dans les détails, ce serait vous gâcher la surprise. Mais voilà : passé un certain évènement, tout capote. Et bon courage au lecteur pour ne pas s’y perdre ! J’ai cru devenir folle. Et, en même temps que je m’arrachais les cheveux pour comprendre, je saluais intérieurement le génie des auteurs.
Sauf que. Sauf que, la révélation finale n’a pas eu l’effet escompté sur moi. Mais alors PAS DU TOUT. Je ne suis pas tombée en pâmoison, je n’ai pas versé ma larmichette. J’ai juste levé la tête du livre, regardé Chéri… Et explosé : « MAIS C’EST QUOI CETTE FIN ?!! » Au départ, j’ai bien cru que quelque chose m’avait échappé. Je suis donc revenue en arrière. Et rebelote. Mais où est l’émotion, là-dedans ? Qu’ai-je loupé, pour la trouver bâclée ? Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec moi, pour que d’autres lecteurs parlent d’apothéose ? Je ne comprends pas. Pour moi, la lecture de Lucides s’est apparenté à la dégustation d’un soufflé : tu le prépares, tu baves dessus quand il cuit, tu ne te maîtrises plus quand les effluves viennent titiller tes narines, et quand tu le sors du four… Patatra : tout retombe, ne restant plus qu’une pâte informe sans commune mesure avec ce que tu dévorais des yeux quelques minutes auparavant. C’est bien la première fois que cela me fait ça : une seule page a suffit à remettre en cause un coup de cœur. Une seule page. Et bien, je peux vous dire une chose : je suis frustrée, frustrée, frustrée. Je me suis même fait envoyer paître par Chéri, tant j’ai passé ma soirée à bougonner.
Dès lors, que faire ? Le relire, une fois encore ? Plus tard, peut-être. Pour l’instant, la pilule n’est pas encore passée. Je ne lui attribue d’ailleurs aucune note, étant incapable de réfléchir de manière raisonnée par rapport à cette expérience pour le moins… troublante. Pour vous faire une meilleure idée de ce roman, je vous conseille d’aller jeter un coup d’œil aux autres chroniques, majoritairement plus tranchée que la mienne. Et si vous voulez parler de cette fin absolument… Hum, vous savez où me trouver !
En bref, une lecture excellente, mais à la fin extrêmement horripilante. Pas de note, donc, puisque j’oscille entre le coup de cœur et la déception ! Une chose est sure : Lucides ne vous laissera pas indifférent…
