Il est présentement 23h59. 23h59, et je ne suis pas encore couchée malgré les cernes de panda que je traine depuis des mois.
Mais que puis-je bien fabriquer de mes journées, pour me coucher si tard et être si fatiguée ?
Aujourd’hui…
J’ai commencé ma journée aux alentours de 7h, en jouant avec Poupette. Après l’avoir changée sur son tapis de jeu dans le salon, pour ne pas réveiller son frère qui dormait dans notre chambre -il nous avait rejoint quelques heures plus tôt, après un gros chagrin. J’ai donc joué, pris mon petit déjeuner entre deux « coucou-caché », ai entrepris d’écrire un article sur les albums contrastés (ça arrive, un peu de patience !), ai souri mille fois devant ses mimiques, et risqué la tendinite à force d’agiter son petit hochet-rubans tout en tapant d’une seule main sur mon clavier. Je l’ai recouchée une heure plus tard, suis restée allongée près d’elle un bon quart d’heure afin de l’accompagner dans le sommeil. Suis redescendue sur la pointe des pieds, en escomptant avoir une bonne heure devant moi avant qu’ils ne se lèvent tous les deux. Ai mis Jean-Jacques Goldman, me suis installée sur le canapé pour bosser… Et ai entendu Boubou descendre cinq minutes plus tard. Lui ai fait un gros câlin, préparé son petit-déjeuner. Ai reçu un appel du Chéri, qui me dit « je rentre à 10h, on va à la ferme pour les légumes ? ». Banco. D’ailleurs, Poupette vient de se réveiller : je monte, la change, l’habille, me prépare, redescends. Commence à danser sur « Nos mains » de Jean-Jacques Goldman, fais la folle avec Malo… Qui adore ça. Poupette… J’en suis moins certaine 🙂 Bref, on chante, on danse, on mange des tartines de pain… Et on prépare tout ce petit monde. Il est 10h passé, on est en retard, Chéri nous attend à la gare… Malo veut absolument mettre son manteau tout seul, je le regarde faire avec fierté, Ambre râle d’être dans son siège auto. On sort… Il a neigé. Beaucoup. Je rentre la puce dans la voiture, mets le moteur en marche, nettoie les fenêtres, le pare-brise… Et me maudis d’oublier sans cesse mes gants. J’attache Malo, on part : il est 10h18, j’ai oublié les sacs de courses, la poussette, et mon rétro droit est plein de neige. Ça va.
Je peux continuer comme ça longtemps. Vous dire que finalement, Chéri et Malo ne sont pas sortis de la voiture, Poupette s’étant endormie. Qu’on est revenu à midi, que l’on a enchainé repas-tétées-tentatives de coucher. Que j’ai finalement opté pour l’écharpe, devant le peu de coopération de la demoiselle. Que Chéri est reparti au boulot à 14h. Que j’ai été en visio-conférence pendant presque trois heures, TROIS HEURES, avec Poupette en écharpe qui dormait et Malo à côté qui n’en pouvait plus. Avec eux, à essayer de faire bonne figure devant mes compagnes de galère MASTER, à tenter d’entendre ce qu’elles pouvaient bien raconter, malgré les cris d’orfraie de Boubou et les ronflements de Ambre.
Que j’ai construit un circuit de train, détendu et plié une lessive, en ai mis une autre à tourner. Préparé une soupe avec Malo, lui ai donné une douche, ai changé, re-changé, et re-re-changé Poupette. Ai rangé notre pièce à vivre, et passé l’aspirateur (avec l’aide du bonhomme, béni soit-il).
Que j’ai consolé, câliné, bercé. Chatouillé, chahuté, dansé, chanté. Porté. Rassuré. Pas assez, sans doute, pour remplir au maximum le réservoir affectif de mes deux loulous. Mais autant que j’ai pu.
Poupette a, finalement, hurlé pendant près d’une demi-heure ce soir. Des pleurs de décharge, longs, stridents, terribles. Des pleurs qui nous accaparent, qui nous paralysent, qui nous font souffrir. Des pleurs qui éclipsent notre petit bonhomme, si petit et pourtant si grand, si petit avec des besoins si grands. C’est lui qui est venu me consoler quand, n’en pouvant plus d’être si impuissante, complètement terrassée par le stress de la soirée -que j’avais prévu studieuse- qui m’attendait, trop consciente de l’heure déjà trop tardive pour son coucher à lui, j’ai préféré monter m’isoler un peu, laissant la puce avec son papa -rentré de sa 2e moitié de journée à 19h. Lui qui est venu, et qui m’a dit « Attends Maman, je vais faire un bisou tu vas voir, après ça va mieux ».
Mon tout petit.
Ambre s’est finalement endormie au sein, comme tous les soirs. Après un long, long, long câlin pour se remettre de toutes ces émotions. Un long moment qui m’oblige à me poser, à me recentrer. Un long moment durant lequel je me perds dans son odeur, dans ses petits cheveux.
J’ai rejoint les garçons, qui avaient commencé -et terminé- notre rituel lecture du soir. Je me suis allongée à côté de Malo, ai oublié de lui demander quel moment de sa journée il avait préféré. Lui ai chanté sa berceuse préférée, ai écouté son petit souffle devenir tout tranquille. Ai déposé un baiser sur ses cheveux, lui ai murmuré combien je l’aimais.
Et me suis installée devant mon bureau, devant ce foutu questionnaire dont j’ai extirpé tous les résultats, pour lequel j’ai construit des tableaux excel en veux-tu en voilà. Je me suis fais plaisir dans mes story Instagram, et ai terminé mon boulot pour ce soir. Ai envoyé le fruit de mon travail à mes collègues à minuit moins dix.
Et me voilà, maintenant, à 00h34. La prochaine journée commence dans moins de 7h, et avant cela il y aura sans doute un cauchemar ou deux, un changement de couche et quelques tétées. Il y aura aussi le réveil de Chéri à 5h, que j’écouterai d’une oreille à la fois distraite et attentive, pour être sûre qu’il ne se rendort pas. Parce que si le chauffeur de bus arrive en retard, c’est pas cool, surtout quand il fait froid.
BREF. Tout ça pour dire, que… Celui qui me dit que les mères au foyer sont vraiment des grosses feignasses, je… je… Je vais me coucher, tiens.
<3
