
L’histoire : Chez les Tannenbaum, on est petit. Trois générations d’achondroplases, soit sept naines, gèrent ensemble Tannenland, le paradis réduit des animaux miniatures. Deuxième curiosité alsacienne après la cathédrale de Strasbourg, experte en Bredele et productrice des meilleurs shows de Noël de la région, cette famille n’a rien d’ordinaire. Sauf peut-être Richard, 19 ans, le seul garçon de la tribu. Le seul grand, aussi. L’exception à la règle, la mouche dans le lait. Tout aurait pu néanmoins rester ainsi, si… Si le coeur de Lulu Tannenbaum, 16 ans, ne s’était pas déglingué ! Si la Syrie n’était pas en guerre. Et si Hervé Vilard était juste un chanteur…
Mon avis : Une petite douceur sucrée à déguster au chaud sous un plaid, voilà l’effet que m’a fait ce très fameux Falalalala, petit ovni littéraire qui m’a fait rire autant qu’il m’a tiré les larmes. C’est doux-amère, mi-figue, mi-raisin, c’est… Vivant, diablement vivant.
Richard est grand. Très grand. Un comble pour ce jeune Tannenbaum, quand sa mère, sa tante, sa grand-mère et ses cousines… Sont naines. Un homme vivant parmi sept femmes, donc, dans une maison pensée par un nain, pour des nains. Et qui figure au palmarès des meilleurs lieux touristiques à visiter en Alsace, pour la qualité de leurs pâtisseries (vous ne savez même pas comment ce roman m’a mis l’eau à la bouche), ainsi que leur plus que fameux spectacle de Noël. L’on pourrait donc presque dire que Richard est seul, s’il n’était perpétuellement entouré de piaillements en tout genre, pris un peu malgré lui dans la valse de ces dames : un cœur qui flanche, une passion pour les crimes familiaux, un bébé impromptu, un passé regretté, et tant, tant d’autres choses encore qui ne laissent que peu de place à ce jeune homme solitaire. Alors notre Richard avance comme il peut, en essayant de se faire petit, tout petit… Mais c’était sans compter sur une fin d’année exceptionnellement falalalalesque, évidemment !
Ce roman m’a… beaucoup plu. Particulièrement touchée, aussi. Emilie Chazerand nous offre un roman tout en nuances, riche de vie. Un roman comme on en lit peu, finalement, un roman qui nous parle et qui nous fait rêver, un roman qui nous touche au cœur. Falalalala est vibrant d’émotions brutes, intenses, mais aussi familières. Bien que l’autrice prenne pour héros une famille tout sauf ordinaire, l’on ne peut s’empêcher de se sentir proche de chacun de ses membres, de s’attacher à eux, et d’espérer, oui ! D’espérer que chacun trouve sa place, trouve sa voie. Alors notre menton tremblotte, la larmichette ne tarde pas à pointer le bout de son nez, oui… Pour être aussitôt chassée par un éclat de rire tonitruant, enchanté que nous sommes de cet humour absolument jouissif et particulièrement corrosif, ce culot littéraire qui nous surprend autant qu’il nous réjouit. Je me suis pour ma part franchement régalée de ces saillies parfois osées, acceptant de bon cœur mon statut de novice complète en matière d’insultes alsaciennes… Et me surprise à être, une fois n’est pas coutume, une élève extrêmement assidue 🙂
Oui, Falalalala est, sans conteste possible, un roman à part. Un roman qui vous remue là-dedans, qui fait grimper vos émotions dans un wagonnet de montagnes russes, et votre cœur avec. J’ai lu, bien au chaud sous mon plaid, j’ai lu et savouré cette petite douceur bienvenue durant cette période où le moral va parfois à vau l’eau. J’ai lu, et je me suis sentie réchauffée de l’intérieur, comme portée par ce petit talisman précieux. Si vous en doutiez encore… Oui, ce bijou a toute sa place sur votre liste de Noël 😉

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