Quatrième article et, déjà, on rentre dans l’un des sujets les plus intimes qu’il puisse être ! Et pourtant, pourtant… Il fallait que j’en parle. Que j’en parle ici plutôt qu’ailleurs, que je tente de transmettre ce que j’ai appris. Que j’explique le pourquoi du comment.
Avant d’être enceinte, c’était tout vu : je n’allaiterai JAMAIS. Je trouvais ça aliénant, dégradant, sale. Les mots sont forts, beaucoup trop, et pourtant : les expériences assez mauvaises de mes mère et sœur m’avaient vaccinée par avance, je ne voulais absolument pas en entendre parler. Avoir un gosse pendu à mon sein comme dans Game of Thrones ? BEUH. NO WAY.
Et puis… Et puis je suis tombée enceinte. Et (qu’il soit remercié !) mon beau-père m’a littéralement PRIS LA TÊTE avec le sujet de l’allaitement : pendant les trois premiers mois de ma grossesse (que nous avons passé chez les parents de Chéri), le sujet est revenu tout le temps. TOUT.LE.TEMPS : « Il faut que l’allaites Adeline. Au moins un peu. C’est important ! », « Tu veux être une bonne mère ? Il faut que tu lui donnes le sein. » et j’en passe. Même si les arguments n’étaient pas forcément les bons (j’arrête tout de suite : donner le sein ne fait pas d’une maman une BONNE maman. Ne pas le donner ne fait pas d’une maman une MAUVAISE maman. Si cela ne tenait qu’à cela !), ils m’ont poussée à m’interroger : la répulsion que je pouvais ressentir auparavant n’était plus là, j’étais plutôt… Curieuse. La moindre des choses que je pouvais faire, c’était de me renseigner, au moins. Histoire de voir ce qu’il m’attendait, comment cela se passait…
Je me suis donc attelée à la tâche. Et ai rencontré, dans le même temps, la sage-femme qui nous a suivis pour nos cours d’haptonomie. Qui, dès le premier jour, m’a dit « j’organise une petite session d’information sur l’allaitement. Venez donc, si vous êtes intéressés ! ». Et… J’y suis allée. J’y suis allée, avec déjà une petite idée derrière la tête : car, force est de dire que, plus le temps passait, et plus le projet me tentait. Plus je sentais, au fin fond de moi, que c’était la chose à faire. Je l’ai donc écoutée pendant une heure nous parler de projet d’allaitement, des problèmes que l’on pouvait rencontrer, des bienfaits pour le bébé, de la relation incomparable qui se nouait ainsi. Je l’ai écoutée, et j’ai surtout filé acheter le merveilleux livre de Marie Thirion : L’allaitement, de la naissance au sevrage. Une véritable bible qui m’a accompagnée durant tout le restant de ma grossesse, me poussant plus que jamais dans cette voie que je n’aurais jamais pensé emprunter. Durant plusieurs mois, je me suis donc informée, préparée… Et n’ai pas songé un instant que cela pourrait ne pas marcher : nous avions bien acheté un lot de biberons, mais simplement dans l’optique de tirer mon lait afin que Chéri puisse lui aussi nourrir Boubou. Pas de boites de lait, pas de chauffe-biberon… Rien. Par contre, niveau coques et coussinets d’allaitement, crème à la lanoline et j’en passe… Nous étions parés 🙂
Le jour J, j’ai eu la chance de tomber sur des sages-femmes très respectueuses de mes envies : les soins ont pu attendre que nous fassions une tétée de bienvenue en peau à peau. Malo étant un tout petit bébé, nous aurions du lui donner des biberons de complément… Ce que nous n’avons fait que très, très moyennement : j’avais peur de la fameuse confusion sein-tétine. Résultat : une courbe de poids juste incroyable, avec un petit Malo qui avait déjà largement rattrapé son poids de naissance au bout du deuxième jour. Merci, l’allaitement ! La suite s’est déroulée sans accroc : je ne dis pas que tout fut simple, loin de là. Mais, disons que je savais à quoi m’attendre : passé le choc des premières semaines et des premiers pics de croissance (vous savez, ces moments où Bébé demande à boire ABSOLUMENT TOUT LE TEMPS, afin d’adapter la lactation de la maman ?), tout s’est déroulé merveilleusement bien. Les mois ont passé… Et le premier bilan est tombé : six mois ! Six mois, ou l’objectif que je m’étais fixé. Arrivée là, cependant… Je n’avais absolument aucune envie d’arrêter. Sentir mon petit garçon contre moi, échanger de longs regards avec lui, partager avec lui des moments qui n’appartenaient qu’à nous, me sentir simplement à ma place, plus qu’épanouie dans mon rôle de maman… Même le fait de me planquer en salle de pause au boulot pour tirer mon lait ne me pesait pas plus que cela : une fois le pli pris, ce n’était qu’affaire d’organisation. Moi qui, un an auparavant, aurais regardé de travers la moindre maman osant donner le sein à son enfant en public, je me retrouvais à chérir plus que tout au monde ces moments ! Des petites voix ont bien commencé à s’élever : « tu comptes l’allaitement jusqu’à quand ? » « On avait dit six mois, non ? », mais… Aucune importance. Après tout, c’est encore un bébé !
Seulement… Boubou aura bientôt deux ans. Bientôt deux ans, et encore accro. Comme moi, d’ailleurs : le temps passe, il grandi, et rien ne change… Ou presque : ces moments sont devenus un brin acrobatiques, p’tit Bout n’arrivant pas à rester en place bien longtemps. Parce qu’il a soif ou faim, parce qu’il est triste, fatigué, en colère… Parce qu’il a besoin de sentir que je suis là pour lui, parce qu’il a besoin de refaire le plein d’affection, il demandera à boire. Bien sûr, le rythme est différent : il ne boit plus la nuit (ahem), et s’adapte à mes horaires de boulot. Mais le fait est là : dès que l’on est ensemble, son doudou est abandonné, et je prends le relais. Et je chéris toujours autant ces moments.
La seule chose qui change, finalement… C’est le regard des gens. Allaiter un bébé en public peut déjà entrainer des réactions relativement violentes, mais alors un bambin… Regards dégoûtés, réflexions déplacées, je crois que tout y passe. On évite, donc. Le fait est que j’ai, encore maintenant, du mal à me détacher du regard des autres : j’admire ces mamans qui promeuvent l’allaitement en postant des photos d’elles et de leur petit en pleine tétée. J’en suis, pour ma part, incapable : parce que je sais que, même parmi mon entourage proche, le fait que je continue, encore maintenant, à allaiter Malo suscite quelques interrogations inquiètes : « il est peut-être temps d’arrêter, tu ne crois pas ? ». Je ne vous raconte d’ailleurs pas la réaction de ma responsable quand je lui ai justifié le fait de ne prendre quasiment aucun médicament : « mais, il mange autre chose quand même, à côté ?! ». Hum.
Finalement, ce texte, c’est ma façon à moi de crier au monde « Oui, j’allaite encore mon fils… Et il n’y a rien de bizarre là-dedans. ». Ce texte, c’est un cri du cœur :
Pour toutes ces futures mamans qui n’osent pas, ne savent pas : ces moments sont pour moi d’une telle… Complétude, que je souhaiterais à chacune d’entre elles de connaitre la même chose.
Pour toutes ces mamans qui s’interrogent, se demandent : tant que l’allaitement ne vous pèse pas, pourquoi s’en priver, en priver Bébé ? Il arrêtera de lui-même si vous n’y mettez pas un terme : le sevrage naturel n’est pas un mythe 🙂
Pour toutes ces personnes entourant une maman qui allaite : un sein n’est pas seulement un objet d’érotisation, c’est avant tout et surtout une source merveilleuse. Qui mérite qu’on la hisse à sa juste valeur, qu’on lui rende sa juste place. Comme une maman qui donne le biberon a son enfant, c’est un acte d’amour qu’accomplit une femme allaitante, et uniquement cela.
Pour mon fils, que j’aime plus que tout au monde : merci de m’avoir ouvert les yeux mon amour, de m’avoir rendue plus tolérante et poussée dans une voie qui m’épanouit davantage de jour en jour.
Pour mon mari, soutien essentiel : n’oublie pas que ce n’est que de la location !
Et à toutes et tous : l’essentiel, que l’on donne le sein ou le biberon, c’est que ce soit fait avec amour et tendresse. Le reste compte si peu !
♥♥♥
PS : Un grand merci à La Leche League, sur qui l’on peut toujours compter !

Laisser un commentaire